Le centre


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Au centre, l’arbre s’est mis à pousser à partir de presque rien, des déjections du Minotaure, de la nourriture non avalée. Des cadavres il ne reste rien, le Minotaure a même croqué et avalé les ossements. Il y a quelque chose d’incompréhensible dans la croissance de cet arbre, la matière végétale est sans cesse recyclée. Non seulement autour mais sur l’arbre même est venu se greffer une multitude d’autres espèces. Il y a des papillons qui jouent, des abeilles qui butinent, d’étranges fleurs colorées poussant en altitude sur les troncs de l’arbre, des champignons et des buissons odorants au pied de l’arbre.


chèvrefeuille
D'étranges fleurs colorées...

Son père est sans cesse fourré dans un des ateliers couverts abandonnés depuis l’achèvement de la construction de l’édifice. On y trouve toutes sortes de choses abandonnées.


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Icare vit entièrement nu et sans contraintes...


Icare vit entièrement nu et sans contraintes. Élancé, agile et souple comme un félin, il aime grimper à l’arbre. Il se nourrit aussi alors de fleurs et de miel volé dans des ruches en haut dans les cimes. Il y a des oiseaux partout. Icare aimerait voler comme eux, il se sent fils de l’arbre et du ciel. Si son temps se passe à explorer l’arbre, lorsqu’il est midi et que la chaleur est trop forte, il redescend, la peau brunie par le soleil. 


Il cherche refuge dans un temple abandonné à deux coudes et trois tournants de la troisième porte sud de la place. C’est un endroit où son père ne vient jamais, idéal pour faire la sieste, rêver ou inventer toutes sortes de jeux. Il y a une statue en bronze d’un très beau dieu. Il lui sourit d’un sourire indéfinissable. Les yeux de pierres précieuses brillent d’un éclat malicieux, le dieu est spectateur bienveillant des activités de l’adolescent. Icare est sous le charme de ce visage si beau et au sortir d’une sieste ou au plus fort d’un jeu il aime diriger son regard sur la splendeur de ce dieu nu et debout.


L’après-midi, après s’être désaltéré d’eau fraîche, de fruits tièdes et de baies rouges, il retourne visiter l’arbre. Parfois des coliques l’obligent à redescendre en catastrophe pour s’accroupir discrètement dans un coin éloigné du labyrinthe : trop de fruits absorbés… La nuit même des fleurs marqueront l’endroit où il s’est arrêté, germées des graines avalées lors de ses repas de plantes.



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