11.7. Le David de Donatello

Archives, 22/06/2010 
Voyage à Florence, dessins © Eric Itschert 

Le David de Donatello au Bargello.



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Dessin du David de Donatello 


Pour l'histoire de David, se référer à la note 11.4. 

Le David de Donatello est un nu en bronze réalisé entre 1430 et 1440. A cette époque Donatello est considéré comme étant le plus grand sculpteur de son temps. Il est protégé par les Médicis. Outre qu'elle constitue une performance technique, cette sculpture, représentant un adolescent nu en grandeur nature, au corps androgyne et sensuel, ne laisse pas indifférent lorsqu'elle est vue pour la première fois. 


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Le David de Donatello


C'est la première statue de nu en pied d'époque Renaissance. Et c'est aussi toujours pour l'époque la première statue en ronde bosse (c.a.d. observable de toute part, puisqu'on peut tourner autour). Cela ne s'était plus produit depuis l'antiquité. Le héros est représenté comme un demi-dieu antique, le visage empreint d'un sourire énigmatique. Ci-bas je montre une copie de la statue originale (voir d'autres photos de la copie).



Copie du David de Donatello, 19ème siècle.


Le couvre-chef étrange du héros, un casque ou un chapeau de berger, est couronné de lauriers. Le garçon tient la gigantesque épée qui lui a servi à décapiter Goliath, dont la tête gît à ses pieds. Une immense couronne de lauriers entoure ses pieds. Le jeune David est donc représenté au moment de son triomphe. Il sourit, certains ont vu de l'effronterie ambiguë dans son regard. S'il est nu, c'est parce que cela rajoute à la fidélité par rapport au récit biblique : David s'est libéré de l'armure trop encombrante que lui a donné le roi Saül. Il retrouve toute sa liberté et sa souplesse face au géant Goliath. 



Copie du David de Donatello, 19ème siècle.


Il correspond d'ailleurs plus à ma conception de David que celui de Michel-Ange : le David de Donatello est un éphèbe, un adolescent. C'est un jeune héros dont l'immense épée prise à Goliath tenue de la main droite et la grandeur de la tête du géant foulée à ses pieds attestent encore du combat inégal dont il est pourtant sorti victorieux. 

Ses souliers, ses jambières et son couvre-chef soulignent la beauté de sa nudité, la mettant encore mieux en valeur. Ce David est d'une grâce extrême, langoureuse et sensuelle. Il est fragile mais souple et vif (telle la ville de Florence), et il est victorieux par la volonté de Dieu. Ce n'est pas pour rien que David est devenu un symbole de la liberté républicaine. Le nu en ronde-bosse était admiré et craint à la fois à l'époque de Donatello. On considérait ce type de sculpture comme typiquement païenne. 

Comme pour la statue de David de Michel-Ange réalisée soixante ans plus tard, il faut tenir compte de la position initiale prévue pour la statue : en haut d'une colonne, mais bien moins haut que la statue de Michel-Ange. A partir de ce moment le caractère victorieux de David est mieux mis en valeur : son regard n'est plus un regard baissé avec une connotation de modestie, mais un regard fier posé sur le spectateur du haut de sa colonne. Les proportions de son corps deviennent moins allongées (voir note 11.4.). Toutefois la position haute n'enlève rien de son côté androgyne et adolescent : ici contrairement au David de Michel-Ange, les hanches ont à peu près la même largeur que les épaules, en perspective elles deviendront plus larges. Vue de derrière, la statue y gagne, car la mollesse du bas du dos se résorbe pour retrouver des formes équilibrées. La statue était réalisée pour l'intérieur d'une demeure : un panache aurait été piqué dans un petit trou prévu à cet effet sur le chapeau. Le tout aurait été trop fragile pour être exposé aux intempéries (source de cette dernière information non recoupée : « Donatello et la première Renaissance », Marco Campigli et Aldo Galli, E-ducation.it S.p.A.) 

Visiblement la statue est bien conservée car bien protégée des intempéries dans le passé.

Lors de mon adolescence et de l'époque où j'étais jeune homme, c'était ma sculpture préférée. J'adorais le coté androgyne du garçon. C'était une androgynie adolescente, et pas celle d'un jeune homme fait comme celle du Bacchus de Michel-Ange. Ce petit côté féminin typique de l'adolescence me fascinait et me renvoyait à moi-même qui à l'époque portais des cheveux longs. Ensuite, en atteignant l’âge mur, mes goûts ont changés, et j'aime autant les représentations de personnages plus virils comme le Persée dont j'ai parlé dans une note précédente. Ce changement de goût propre à beaucoup d'hommes murs est bien ainsi, car c'est la preuve d'un rapport harmonieux avec son propre corps. 

Ci-dessous je montre des photos d'une autre copie de la statue de Donatello : j'en ai fait les photos ici, en Belgique, dans les serres du palais du Roi à Laeken, à l'époque où à peine sorti de l'adolescence je n'avais pas encore vu l'original à Florence. Les bonnes copies sont intéressantes dans la mesure où d'autres éclairages nous révèlent de nouveaux aspects de cette sculpture remarquable...



Copie du David de Donatello: serres du Palais de Laeken.





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