5.6. De l’île et de la force vitale

Amorgos

Elle est l’île de l’Étoile et les dauphins sont ses compagnons...



Elle est l’île de l’Étoile et les dauphins sont ses compagnons. Cette île des Cyclades n’est visible sur aucune carte faite de main d’homme. Mais sur les cartes pistes de rêves et d’étoiles elle s’appelle aussi l’île de Iacchia. C’est une île flottante comme en témoigne Pline l’Ancien dans plusieurs passages de son « Histoire naturelle » : « Certaines îles sont toujours flottantes […] qui obéissent à l’impulsion non seulement des vents, mais des perches de mer. […] Elles se meuvent au son d’une musique d’harmonie selon le rythme des pieds qui battent la mesure. » Iacchia est pérégrine et dansante, elle se range au rang des « mirabilia », des merveilles de la nature. Elle est Astéria, elle est l’île de l’Etoile et les dauphins sont ses compagnons. 



De génération en génération un couple de servants vient me donner à boire et à manger, il m’offre de l’encens pour alimenter ma force vitale. En Egypte antique on parle du Ka. Ne croyez pas que tout n’est tissé que de matière. Et la matière elle-même n’est-elle pas de l’énergie ? Nous sommes composés de plusieurs choses. Nous avons un corps, mais il y a en nous entre autres aussi un nom, une âme, une force vitale, un esprit… Loué soit Hachem qui est au-dessus de tout discours et de toute comparaison. 



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Je viens parmi les hommes de manière anodine, de préférence sous la forme d’un adolescent...



C’est la force vitale qui me permet de prendre corps et de venir parmi les hommes de manière anodine, de préférence sous la forme d’un adolescent. Je descends ces sentiers parcourant une végétation clairsemée et broussailleuse. Je descends parmi les lentisques, les genévriers, les yeuses, les figuiers de Barbarie, les thyms et les lauriers. Je m’accompagne souvent d’animaux domestiques pour inspirer la confiance. J’ai enfilé un short à même ma peau nue et le contact de l’étoffe avec mon corps nu pendant la marche est loin d’être désagréable. Comme le soleil c’est une délicieuse caresse qui en promet d’autres. Je peux me mélanger aux hommes et participer à leurs activités. 




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Je descends parmi les lentisques, les genévriers...



De génération en génération un couple vient en voilier depuis l’île d’Amorgos. Deux fois par jour il part à la recherche de l’île. Il la retrouve, le vent et les courants sont ses guides. Il me nourrit, au lever du matin et au coucher du soleil. La fumée de l’offrande monte au ciel. Chaque soir ma statue est baignée et ointe, elle rejoint le naos pour en ressortir chaque matin. Et chaque matin des colliers de fleurs fraîches et odorantes sont les uniques parures dont je suis vêtu. C’est la même famille qui me sert là-bas depuis des générations. Le couple emmène son plus jeune fils afin de l’habituer à l’île et au culte. Le fils sera initié le jour de ses seize ans. Le couple sait quel sera son fils cadet. Car ce dernier naît avec une marque naturelle en forme d’étoile en l’endroit le plus intime de son corps. Après le couple n’aura plus jamais de fils. Chaque soir le couple et son dernier fils quittent l’île. Elle est Iacchia, elle est l’île de l’Etoile et les dauphins sont ses compagnons. 




05/01/2011 11:00 Écrit par Iacchos dans Pleine lune / Commentaires (4) / Tags : adolescent, nu, iacchos, cyclades, pline l ancien, dauphins, île, île flottante, étoile, mirabilia, ka, amorgos 


Commentaires 

Ton article est magnifique ...mythologie romantique, j'avais juste choisis un poème sur les étoiles pour commentaire ce soir... 
Gros bisous sous le ciel gris ...la nuit tombe ...les étoiles arrivent ...un petit poème pour finir la semaine 

Au chemin des étoiles (extraits) 

Je m'en vais dans le soir comme un fiévreux qui rêve, 
Et qui monte très haut, flottant dans un linceul, 
Et qui voudrait qu'enfin le vertige s'achève, 
Mais qui monte toujours, étonné et tout seul. 

Dans l'espace, mes sens érigent leurs antennes, 
Pour distinguer le bruit qui naît du bruit qui meurt ; 
Je cherche dans le ciel quelle étoile est la mienne, 
Je cherche des oublis qui sont toujours ailleurs. 

Quand le jour insolent raille mon stratagème, 
Je montre à son soleil les misères que j'ai ; 
Et pour parer mon deuil, je porte en diadème, 
La clarté que j'ai prise aux astres étrangers. 

Les astres qui brillaient pour d'autres, je les porte, 
Et je vais, attentive, à travers les humains, 
Songeant que mon étoile, un autre me l'apporte, 
Et nous échangeons nos astres en chemin. 

Jovette-Alice Bernier, Les masques déchirés (1932) 
Écrit par : Linda / 07/01/2011 


Eh bien, paresseux, c'est quand que tu reprends tes publications? 
Écrit par : Gulliver / 16/07/2011 


C'est vrai ça! Comme sœur Anne on ne voit rien venir! 
Écrit par : Yannick / 16/07/2011 





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