Saint Jean l'Évangéliste


Archives, le 27 décembre 2008

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Saint Jean l’Évangéliste, huile sur tempera sur gesso sur panneau de bois. © Eric Itschert


En Occident, Saint Jean l’Évangéliste était patron de bien des corporations de métiers. Il était parmi les tout premiers apôtres du Christ.

Parmi les corporations, citons tout d'abord les peintres, mais aussi les tailleurs de pierre, les écrivains, les imprimeurs, les relieurs, les libraires... et cette liste n'est pas exhaustive.

Saint Jean l’Évangéliste se fête le 27 décembre chez les catholiques (le 26 septembre - dormition - et le 8 mai - miracle du tombeau - chez les orthodoxes).
La tradition chrétienne attribue aussi trois épîtres et l'Apocalypse à Saint Jean l’Évangéliste. Dans l’Apocalypse, l'auteur se présente comme ayant reçu une vision de Jésus-Christ sur l'île de Patmos. (1)

Imprimeurs à l'époque de l'ancien régime, en France, photo © Eric Itschert


SOLSTICES


Sachant que Saint Jean Baptiste est fêté le 24 juin, on parle de fêtes solsticiales à propos des fêtes des deux Saint Jean. C'est pourtant quelque chose qu'il faudrait nuancer. Le mot solstice vient de « sol » et « stare », c'est le moment où l'on marque l'arrêt du soleil. Le solstice d'hiver est la date du jour le plus court de l'année (et donc de la nuit la plus longue) dans notre hémisphère nord.  Or, lorsque le calendrier grégorien fut créé en 1582, les savants d'alors savaient déjà que le solstice d'hiver pourrait tomber entre le 20 et le 23 décembre.  De même le solstice d'été peut tomber entre le 19 et le 22 juin.  Cette variation est causée par la différence de durée entre l'année civile et l'année réelle (365,2422 jours environ) encore appelée année tropique.  Or les fêtes des Saints Jean sont placées juste après ces solstices : le 24 juin pour le Baptiste et le 27 décembre pour l’Évangéliste.


Calendrier liturgique

Ci-haut: cycle annuel de la Liturgie dans l'Eglise Catholique Romaine. Se lit dans le sens des aiguilles d'une montre. © Eric Itschert


SAINT JEAN BAPTISTE : la voie ascétique.


Saint Jean Baptiste vivait au désert et était un adepte de l'ascétisme le plus rigoureux.  Lorsqu'il est fêté, il fait chaud et de grands feux sont allumés pour célébrer la lumière.  Il y a de grandes fêtes mais on sait que les jours commencent à raccourcir.  Or Saint Jean le Baptiste reconnaît le Christ et dit « Il faut qu'il grandisse et que moi je diminue » (St Jean 3,30). Avoir placé la fête du Baptiste juste après le solstice d'été est donc un bon calcul. La tradition raconte que St Jean l’Évangéliste quitte le Baptiste pour suivre Jésus.  Le Christ relativise l'enseignement d'ascétisme du Baptiste.  L'ascétisme exacerbé n'est pas la bonne voie.  Bouddha éprouve la même chose.


SAINT JEAN L’ÉVANGÉLISTE : la voie de l'amour fidèle.


Saint Jean l’Évangéliste est fêté en plein hiver, au moment le plus obscur, parce qu'il annonce la Lumière.  Ici aussi la fête est placée juste après le solstice d'hiver, mais de manière à ce qu'elle ne tombe jamais au solstice même. Saint-Jean l’Évangéliste est appelé « celui que Jésus aimait » (1) et est un des trois apôtres choisis parmi les 12 pour monter au mont Thabor avec le Christ.  Il est aux côtés du Christ à la dernière Cène.  Il suit Jésus jusque dans la cour du Grand Prêtre lorsque Jésus est arrêté. Enfin il est le seul parmi les apôtres à se rendre au pied de la croix.  Il est le plus fidèle d'entre eux.  

Il est infondé de transformer la fête de la Saint Jean d'été en fête exotérique (parce qu'elle se déroule à l'extérieur) et celle de la Saint Jean d'hiver en fête ésotérique (parce qu'elle est fêtée en intérieur).  A ce compte, tout ce qui est fêté en été deviendrait exotérique et tout ce qui est fêté en hiver, ésotérique !  D'ailleurs ces notions mêmes d' « exotérique-ésotérique » sont relativement récentes en français (2).  Mais la notion d'enseignement ouvert et d'enseignement caché existe de tout temps.  La Saint-Jean d'été comporte aussi des éléments « cachés ».  

Par contre, il est clair que Saint Jean l’Évangéliste va infiniment plus loin que Saint Jean Baptiste.  Le premier signe que l’Évangéliste mentionne à propos de Jésus est purement « gratuit », il est jubilatoire : c'est le changement de l'eau en vin (St Jean 2,1-11).  Evidemment après des moralisateurs se sont échinés à minimiser significations et portée de ce signe. Saint Jean suit le Christ car le Christ indique la voie du juste milieu, celle qui laisse chanter la matière mais qui n'ignore pas l'esprit non plus.  Et vous savez combien cette voie du juste milieu m'est chère !  Joyeuses fêtes !



(1)  Comprenons-nous bien, je parle ici de symboles.  Il n'est pas impossible qu'il y eut plusieurs « Jean » : l'évangéliste, l'apôtre, le rédacteur de l'Apocalypse, etc.  Mais ces spéculations n'ont aucun intérêt pour ce propos.

(2) L’adjectif « ésotérique » est utilisé pour la première fois en langue française en 1755.  Mais son origine est bien plus ancienne. Il vient du grec « esôterikos » qui signifie « de l’intérieur » ou encore « réservé aux seuls intimes ».
Par extension, et ce dès la Grèce antique, il s’applique « aux seuls adeptes ».  Lucien de Samosate l’utilise dans ce sens dans ses écrits qui traitent d’Aristote.  Clément d’Alexandrie l’applique aux disciples, c’est-à-dire aux chrétiens baptisés.  Chez Jamblique, il désigne notamment les disciples initiés à la doctrine de Pythagore.  Si le grec « esôteros » signifie en général, dans le nouveau Testament, « plus intérieur », « plus intime » ou simplement « intérieur », il y a un passage intéressant dans l’Épître aux Hébreux (6, vs.19-20) : « cette espérance nous la possédons comme une ancre de l’âme sure et solide, elle pénètre au-delà du voile, là où Jésus est entré pour nous comme précurseur… »
L’adjectif « exotérique » est utilisé pour la première fois en français en 1568 ; son utilisation reste rare jusqu’au 18ème siècle.  Il vient du grec « exôterikos » et signifie « au dehors », « exposé au public », « exposé à l’extérieur ».  Dans le sens « non initié », « extérieur », « profane », on le trouve chez Aulu-Gelle et Jamblique souvent en relation avec les pythagoriciens.





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