Midi dit le biscuit

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cahier,journal,cotignac
Le cahier où j'écris mon journal


Ensuite j'ai mordu le biscuit. Une horloge sonne les douze coups de midi, et sur le bout de biscuit restant il est inscrit "midi". Je vais payer et je m'apprête à partir. 


La fille aînée du photographe mange avec sa petite sœur, une assiette tomates-vinaigrette-mozzarella. Je leur souhaite bon appétit. La sœur aînée, quatorze-seize ans, a un maquillage étrange: une ligne argentée comme le papier froissé de mon chocolat, argentée comme les antiques couverts en nickel sur ma table, souligne ses yeux. A part cela elle est très jolie. Elle me sourit: "merci".


La petite sœur est trop occupée et ne lève pas la tête de son repas. Manger est une chose trop importante mais les adultes ne comprennent pas cela. Il y a des feuilles de basilic sur leur assiette et une feuille de la menthe. Il est midi et je m'apprête à remonter vers la maison, isolée dans les bois. Mais d'abord je vais tailler une bavette avec l'écrivain public...


Chez l'écrivain public


herbier,plantes séchées
L'écrivain consulte un herbier...

Le bureau de l'écrivain public est tout petit. On y entre directement par une porte à rue. La fenêtre de la pièce ouvre sur les passants. Une autre ouverture dévoile à peine un local à l'arrière, protégé par un voile blanc à moitié fermé. Il y a une table bourrée de manuscrits et de livres contre la fenêtre, une ancienne machine à écrire, toujours utilisée, trône au milieu d'elle. Deux sièges ornent la pièce tapissée de livres et de sculptures.


Au moment où j'arrive, l'écrivain a deux visiteurs. Un homme d'âge vénérable et un jeune garçon, tous deux d'une beauté solaire, se tiennent debout dans le bureau. Malgré la différence d'âge ils ont un net air de famille, leurs yeux sourient et ils rayonnent de bonheur. La complicité entre eux et la tendresse qui les lie s'impose très vite comme une évidence. L'écrivain consulte un herbier ouvert sur la table.


" - Votre collection est superbe! C'est fait, les noms manquants sont inscrits en français et en latin. Je les ai notés au crayon, comme cela Xan peut les calligraphier à la plume. Bonjour Eric, bienvenue dans mon modeste antre. Je te présente René, ancien instituteur, et Laurent, son petit-fils. Voici Eric, un belge venu se perdre en nos contrées..."


L'écrivain range l'herbier dans une magnifique farde aux couvertures ornées de papier marbré fait main. Un cadeau du grand-père à son petit-fils.




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